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Comme attendu, la Commission Européenne a publié début février son Acte Délégué sur l’inclusion du nucléaire et du gaz dans le programme de la Taxonomie européenne.

A moins d’un veto du Parlement européen, ces deux énergies seront classées dans le volet « transition » (les activités moins intensives en CO2 que la moyenne du secteur, transitional activity) de la réglementation européenne du Green Deal.

Le compromis douloureux sur le gaz est en partie justifié par le positionnement de certains États membres comme l’Allemagne. La situation géopolitique internationale du moment pourrait changer néanmoins les paramètres si l’on tient compte de la notion de dépendance et des difficultés d’approvisionnement.

Le choix de l’énergie nucléaire comme énergie à émission zéro dans le décret exécutif américain pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 aura pour sa part certainement contribué à l’inclusion européenne de celle-ci. Un effet domino semble ici se mettre en place avec à titre d’exemple la Taxonomie coréenne qui vient de décider de remettre en question ses choix précédents en incluant la production d’énergie nucléaire, tout en restant attentif au calendrier européen d’approbation (4 mois) ; tandis que la Chine avance ses pions avec notamment la signature d’un contrat de plus de 8 mds de dollars pour la construction d’une centrale en Argentine (Hualong One génération 3).

A l’ère de la neutralité carbone, ces deux énergies sont donc considérées comme « durables » de par leur propre performance (faible ou moindre émission de carbone) et leur compensation de la nature intermittente des énergies renouvelables. Néanmoins, cette acceptation est temporaire, jusqu'en 2030 pour le gaz et respectivement jusqu'en 2040 et 2045 pour la prolongation des centrales nucléaires et la construction de nouvelles. L'alignement exige le respect de nombreux critères amendés à la marge par rapport à la première proposition comme :

  • Nucléaire : Plans détaillés pour le stockage des déchets hautement radioactifs (installations en service en 2050) ; le recours, dès 2025, à des combustibles sécurisés résistants aux accidents;
  • Gaz : Pour les installations agréées avant 2030 (avec un seuil d'émission moyen de 550gCO2e/kWh sur 20 ans), une évaluation comparative obligatoire avec l'alternative renouvelable la plus rentable ; la réduction requise de 55% des émissions de GES en absolu sur le cycle de vie de l'installation (non plus en intensité par kWh)...

Cet acte délégué modifie donc l'approche initiale du règlement sur la taxonomie et selon certains spécialistes le respect des derniers critères, imprécis, semble difficilement atteignable.

Afin de comprendre ce compromis douloureux, il est intéressant de regarder à titre d’exemple le bilan de la consommation et de la production électrique quotidienne par filière (hors hydraulique et charbon ici) en France sur le mois de janvier sous la forme de graphiques dits radars (pas linéaires d’où des échelles différenciées).

Notons que ce propos exclut toute réflexion sur les considérations de chaîne de valeur de ces deux énergies, et notamment sur celles liées à l’importation et au recyclage, dans l’objectif de neutralité carbone sans matérialité négative.

Graphique : Tristan Kamin ; données RTE éCO2mix

Nous constatons qu’un mix semble nécessaire, tout du moins cela était le cas sur le mois de janvier, période hivernale. Le nucléaire et les bioénergies couvrent en base les variations journalières de la demande et en intermittence de la montée en charge des renouvelables (l’énergie solaire en cycle diurne et l’éolien). Pour sa part, le gaz occupe une position traditionnelle importante en dépit de son poids dans la production d’émissions de gaz à effet de serre.

Pour atteindre l’objectif de transition climatique, l’efficacité énergétique devra donc passer nécessairement rapidement par une action sur les modes de consommation et un rythme de développement accéléré des solutions ; par ailleurs, les récents événements géopolitiques apportent un autre questionnement (vulnérabilité de l’offre) sur l’inclusion du gaz comme énergie de transition au sein de la taxonomie européenne.

Achevé de rédiger le 28 février 2022

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