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Le conflit entre les données de terrain, qui montrent une économie mondiale résiliente, et celles des enquêtes, qui annoncent un sévère ralentissement voire une récession, accroît les incertitudes. De fait, cela provoque beaucoup de volatilité et empêche les investisseurs d’avoir des perspectives à moyen terme solides.

Trois raisons à ce regain de croissance au T3‑22

La zone euro : au cours du printemps, la situation sanitaire est revenue à la normale, ce qui a débloqué les dernières restrictions d’activité notamment sur des secteurs importants comme les activités de loisir et le tourisme. De plus, les gouvernements ont mis en place des mesures pour protéger les ménages des hausses de l’énergie et soutenir la demande.

Aux États‑Unis : Les consommateurs américains ont continué de consommer en puisant dans leur épargne accumulée durant et après l’épidémie notamment au tournant de 2020‑2021.

En Chine : Le rebond de la croissance au 3ème trimestre (+3,9% a/a) est dû, d’une part, aux effets de base suite aux confinements dans les grandes villes au premier semestre et, d’autre part, à la mise en place de soutiens publics, notamment dans l’immobilier.

Les signes d’un ralentissement de l’activité mondiale se multiplient

Les indicateurs avancés du climat des affaires, comme les PMI ou les ISM, de la zone euro, de la GB, des USA, du Japon, de la Chine..., se détériorent de mois en mois pour atteindre aujourd’hui des niveaux annonçant une récession.
Déjà, plusieurs économies (Grande Bretagne, Allemagne) ont basculé en récession tandis que la Commission Européenne a annoncé, il y a quelques jours, que l’économie de l’Union Européenne devrait entrer en récession cet hiver, suite aux hausses des taux d’intérêt et une forte baisse des revenus réels des ménages.

La forte chute des indicateurs mesurant le moral des consommateurs. Que ce soit à cause de l’incertitude liée à la guerre en Ukraine et ses conséquences ou la peur de voir se réduire leur niveau de vie suite à l’inflation, dans tous les pays, les consommateurs, s’inquiétant des conséquences de la hausse de l’inflation sur leurs conditions de vie, préfèrent différer leurs achats.

Les difficultés de l’immobilier. Ce secteur important pour la croissance se dégrade, notamment aux USA et en Chine.

Aux États‑Unis, suite à la hausse du taux des prêts hypothécaires (Mortgage‑ à 7,14% aujourd’hui vs 3,30% à la fin 2021), les mises en chantier ont laissé la place à des ventes de maison à tout va.

En Chine, suite à la faillite d’Evergrande, le secteur immobilier, gros contributeur à la croissance, ne parvient pas à se relever. La fin de la crise de l’immobilier en Chine est encore loin de sa fin.

Les marchés financiers anticipent

En principe, les investisseurs ne prennent rarement leurs décisions à la légère, ils anticipent, c’est‑à‑dire qu’ils fondent leur jugement, non pas sur les données de terrains (qui sont des indicateurs retardés), mais en fonction des événements futurs ou indicateurs avancés qui leurs paraissent les plus pertinents et les plus probables.

C’est pourquoi nous nous attendons à ce que dans les prochaines semaines, la croissance économique mondiale déçoive et que le monde glisse en récession au cours du premier semestre 2023.

L’inflation, amélioration possible aux USA, mais pas en Europe

L’inflation semble, Dans quelques régions dont les USA, l’inflation a cessé d’augmenter depuis juin dernier où elle a atteint +9,1% a/a. Cela ne veut pas dire que les autorités ont gagné, au contraire car elle reste obstinément élevée.

En Europe, aucun signe d’amélioration sur le front de l’inflation. Elle s’est encore accélérée en octobre, à 10,7%, et les enquêtes de conjoncture suggèrent que les pressions sur les prix restent extrêmement fortes. L’inflation globale reculera fortement l’année prochaine, car les baisses des prix du pétrole et les augmentations plus faibles des prix du gaz d’une année sur l’autre font baisser l’inflation de l’énergie mais pas l’inflation sous‑jacente (hors énergie et produits alimentaires frais).

Alors que le ralentissement de l’économie mondiale se transforme en récession, les marchés n’en tiennent pas compte.

Actions : le ralentissement économique commence à peser sur les prévisions

Le conflit entre les données de terrain, qui sont plutôt optimistes et les indicateurs avancés, qui sont plutôt pessimistes provoque des ruptures de tendances fréquentes et donc beaucoup de volatilité. Dans ce contexte : éviter les contre‑pieds.

Détérioration probable des bénéfices suite au ralentissement de l’économie mondiale et de la forte inflation et sa conséquence directe : les hausses de taux.

Après les baisses entraînées par la compression des multiples (P/E) sur les trois premiers trimestres, c’est donc le risque de contre‑performance qu’il faut surveiller.

Quel que soit l’endroit où elles sont implantées, les entreprises enregistrent la contraction de la demande, c’est donc la résistance des bénéfices (EPS12m Fw) qu’il faut surveiller. Les gagnants seront les entreprises ayant un pouvoir de fixation des prix.

Garder un biais défensif et préférer des entreprises qui ont des résultats solides et une valorisation raisonnable.

Obligations : plus attractives

Obligations gouvernementales plus attractives : aux USA, les rendements dépassent 4%. En ZE, les rendements négatifs n’existent plus. Le portage redevient donc positif. Par ailleurs, compte tenu de l’économie européenne, les obligations pourraient être, prochainement, une protection contre le risque de récession.

Crédit : en Europe, les obligations d’entreprises sont plus en avance sur les risques relatifs au ralentissement (pertes de CA, de bénéfice, de crédits plus chers, etc...) que les actions.

Surveiller le risque des portefeuilles

L’inflation et ses conséquences, le net ralentissement, voire une récession, de l’économie mondiale, les difficultés de la Chine, la remontée à grand pas des taux directeurs et la menace d’une crise énergétique nous incitent à maintenir notre exposition prudente mise en place en mars. Nous maintenons donc notre sous‑pondération des actions et des obligations et conservons une poche pour les produits monétaires.

Actions

La longue liste des inquiétudes empêche de faire des prévisions solides. En effet, les bourses sont, à la fois versatiles et volatiles. Aussi, pour protéger nos positions sur les actions, nous préférons les valeurs de croissance (solide), défensives et les actions à même de traverser la période d’inflation, grâce à leur fort « Pricing Power ». Pour éviter des mauvaises surprises, quelle que soit la région, nous continuons de sous‑pondérer les actions.

Obligations

Nous maintenons une sensibilité raisonnable des portefeuilles.

  • Les rendements des obligations gouvernementales, répondant à la hausse des taux directeurs, ont fortement progressé. Nous maintenons donc notre position neutre sur cette poche à l’exception des obligations émergentes, hors Chine, que nous sous‑pondérons.
  • Revenues sur des valorisations raisonnables, les obligations d’entreprises de la zone euro, IG et HY, redeviennent attractives avec des rendements respectifs de 4% et 7,3%. Notre position sur les obligations d’entreprises américaines IG et HY reste neutre.
  • Nous maintenons la surpondération des obligations indexées inflation.

Valeurs refuges

Les matières premières et le dollar.

Achevé de rédiger le 22 novembre 2022

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