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Désynchronisation des économies

Après un mois de janvier record, les marchés actions ont continué leur progression en février, soutenus par un début de désinflation et les perspectives d’une modération du resserrement des politiques monétaires des Banques centrales, d’un retour à la normale ou presque, des approvisionnements des produits énergétiques et enfin la réouverture de la Chine.
Mais déjà, des nuages se profilent à l’horizon.

L’économie mondiale ralentit, mais pas aussi rapidement que prévu :

La réouverture de la Chine, plus rapide que prévu, devrait booster l’économie mondiale à court terme. Grâce à ce coup de pouce, la prévision de la croissance du PIB mondial passe de 2,2 % à 2,9 %, sous réserve d’un progrès de la demande domestique et à l’export.

Avec la réouverture, les perspectives de l’économie chinoise sont plus souriantes. Les acteurs sont plus optimistes, comme en témoignent les PMI, notamment dans les services. Si cette embellie se prolonge et que la demande domestique et étrangère est au rendez‑vous, on pourrait avoir un rebond rapide qui se concrétiserait par une croissance du PIB d’environ 5 % en 2023.

Malgré le durcissement de la politique de la Banque centrale en zone euro, comme l’indique la hausse des indices PMI depuis trois mois, le climat des affaires devrait continuer de s’améliorer sur les prochains mois. Ce progrès de l’activité dans la zone euro est dû à la baisse des prix du gaz sur les derniers mois et à la réouverture de l’économie chinoise.

La situation des États‑Unis est plus délicate. Les données de terrain se dégradent peu à peu. Les dépenses des ménages sont en nette baisse, tout comme la production industrielle et le marché immobilier. Bref, il y a de grandes chances qu’au cours de cette année, l’économie américaine entre en récession.

La réouverture de la Chine devrait aussi soutenir les économies émergentes, ce qui donnerait un coup de pouce et se répercuterait sur les actions et obligations émergentes.

La désinflation se poursuit lentement

Grâce :

  • À la baisse des prix de l’énergie, notamment du gaz.
  • Au retour progressif à la normale des chaînes d’approvisionnement et des délais de livraisons.
  • À la baisse des prix des intrants et des prix de gros.

Bien que l’inflation montre des signes de ralentissement, elle reste encore élevée, ce qui obligerait les Banques centrales à réagir en relevant encore leurs taux directeurs.

C’est d’ailleurs le principal risque pour l’économie mondiale, à court et moyen terme.

Les risques

‑ Le plus grand risque pour les économies et les marchés mondiaux reste l’inflation

  • Aujourd’hui, elle est encore loin d’être maîtrisée et pourrait repartir de plus belle si les prix de l’énergie, les coûts de transport et/ou les dysfonctionnements des chaînes d’approvisionnement réapparaissaient.
  • Nous voyons depuis quelques semaines, aux États‑Unis, des données inquiétantes comme le rapport sur l’emploi, la persistance de l’inflation et la reprise de la hausse des prix à la consommation et des prix à la production.
  • Nous voyons aussi de fausses bonnes nouvelles, celles qui sont, a priori, de bonnes nouvelles pour l’activité, mais qui, en même temps, aggravent l’inflation. La réouverture de l’économie chinoise en est le meilleur exemple. En effet, la reprise de l’activité va exercer des pressions sur la demande et les prix mondiaux des matières premières. De même, la vigueur de l’emploi aux États‑Unis et en Europe est une bonne nouvelle pour l’économie, mais en même temps, elle augmente les pressions sur les salaires, etc.

Une nouvelle escalade de la guerre en Ukraine pourrait conduire à une nouvelle crise énergétique en Europe.

Les tensions géopolitiques.

Les conditions financières mondiales pourraient se détériorer et le dollar s’apprécier davantage, si éclataient des turbulences sur les marchés, poussant les investisseurs vers les actifs réels.

Actions : à surveiller

  • Suite aux différences de traitement de l’inflation dans chacun des pays et/ou des régions, les économies se redresseront à des vitesses différentes. Cette désynchronisation des économies ouvrira de nouvelles possibilités de diversification. Cela s’est déjà vu avec les marchés émergents qui ont été plus rapides à gérer l’inflation en 2022.
  • Le ralentissement de l’activité mondiale, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt qui en résultent devraient peser sur les bénéfices, les dividendes et les valorisations.
  • Garder un biais défensif et préférer des entreprises qui ont des résultats solides et une valorisation raisonnable.

Obligations : plus attractives

Obligations gouvernementales plus attractives : aux États‑Unis, les rendements à 10 ans évoluent entre 3,4 % et 4,2 %. En zone euro, les rendements négatifs n’existent plus. Le portage redevient donc positif. Par ailleurs, compte tenu de l’économie européenne, les obligations pourraient être, prochainement, une protection contre le risque de récession.

Crédit : En Europe, les obligations d’entreprises sont plus en avance sur les risques relatifs au ralentissement (pertes de CA, de bénéfices, des crédits plus chers, etc...) que les actions.

Protéger les portefeuilles

La désinflation observée et les perspectives d’une modération des hausses des taux directeurs des Banques centrales qui en résultent, le retour à la normale ou presque des approvisionnements et des prix des produits énergétiques (pétrole et gaz) et la réouverture de l’économie chinoise en janvier ont réconforté les investisseurs qui ont retrouvé leur appétit pour le risque.

Mais aujourd’hui, cette embellie reste fragile. Beaucoup de risques sont susceptibles de perturber fortement les marchés à court ou moyen terme. D’abord, la géopolitique, à nouveau en ébullition, avec le retour annoncé de la guerre en Ukraine et sur d’autres fronts ainsi que d’autres points chauds dans le reste du monde, ensuite, l’économie avec une reprise de l’inflation et/ou une récession et enfin, un recul des bénéfices et des dividendes des entreprises.

Pour autant, nous maintenons notre position neutre sur les actions, mise en place le mois dernier. Par ailleurs, nous ne faisons pas de changement du côté des obligations, en restant neutres sur les produits de taux.

Actions :

Après avoir relevé à neutres les actions européennes et japonaises le mois dernier, nous rehaussons à « surpondérées » les actions émergentes dont la Chine. Par ailleurs, nous maintenons la sous‑pondération des actions américaines fragilisées par des P/E élevés et le niveau élevé des taux d’intérêt.

Obligations :

Nous maintenons une sensibilité raisonnable des portefeuilles de respectivement, pour les profils dynamique, équilibre et tempéré, 1‑3, 3‑6 et 5 et +.

  • Les rendements des obligations gouvernementales, répondant à la hausse des taux directeurs, ont fortement progressé. Nous maintenons donc notre position neutre sur cette poche. Par ailleurs, les perspectives des obligations émergentes s’améliorant, nous surpondérons légèrement ces dernières.
  • Revenues sur des valorisations raisonnables, les obligations d’entreprises de la zone euro, IG et HY, sont attractives, notamment américaines, avec des rendements respectifs de 4 % et 7,9 %. Notre position sur les obligations IG et HY américaines reste neutre ; pour la zone euro les obligations HY reviennent à neutres et celles IG à légèrement surpondérées.
  • Nous maintenons la surpondération des obligations indexées inflation.

Valeurs refuges :

L’or passe de neutre à surpondéré, le pétrole ne change pas et reste à surpondération. Pas de changement pour le dollar qui reste à neutre.

Achevé de rédiger le 21 février 2023

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