Pouvez-vous nous dire ce qui a changé en 15 ans en matière de finance responsable ?

Si la notion de Développement Durable a pris ses racines, selon certaines études, en 1700 sur la notion de l’exploitation durable des forêts, les travaux préparatoires pour la Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain (Stockholm en 1972) ont vraisemblablement permis de concrétiser une première prise de conscience des impacts de l’industrialisation à marche forcée faisant abstraction du prix environnemental futur à payer.

Le rapport Brundtland de 1987 impose la définition suivante : « répondre aux besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations à venir de satisfaire les leurs ». Or si certains Etats se sont emparés du sujet en amont, les risques inhérents au réchauffement climatique et la non compréhension de la gouvernance trop court termiste des émetteurs et entreprises par les autres parties prenantes (investisseurs institutionnels dans un premier temps puis épargnants) ont certainement constitué un fort catalyseur de la croissance des investissements ESG et donc de la finance responsable.

En effet la demande pour l’investissement responsable et engagé croit annuellement dans le monde de plus de 12% contre 5% pour les produits généralistes (source Deloitte 2019).

Au-delà, la finance responsable a dû améliorer ses méthodes de recherche sur le sujet en s’appropriant la donnée extra-financière des émetteurs dont la qualité s’est sensiblement améliorée depuis 10 ans. Ce dernier point a contribué à enrichir la connaissance fondamentale des entreprises et à instaurer un dialogue avec celles-ci afin de les sensibiliser aux enjeux des transitions sociale et environnementale.

Quels sont les grands enjeux de la finance responsable dans les années à venir ?

Les enjeux sont multiples. Tout d’abord le secteur financier a une responsabilité dans la mise en place de solutions concrètes dont dépend les options de notre avenir. Elle doit par ailleurs contribuer à recenser les sources de performances économiques potentielles des entreprises mais également appréhender les facteurs de risque physiques, financiers, réglementaires ou de réputation. Nous avons au Crédit Mutuel Asset Management développé un outil d’analyse propriétaire pour analyser tous ces facteurs et participer au travers de nos prises de décisions au niveau de la gestion des portefeuilles de nos clients à la mesure des trajectoires prises par les entreprises.

Ces dernières sont de plus en plus ambitieuses dans l’amélioration de leur engagement ESG notamment au travers de nouvelles solutions ou propositions sur des sujets aussi variés que la réduction de l’énergie carbonée, les traitement des déchets, la santé, la parité ou encore le respect des droits humains. Nous apprécions cette approche dite de Best effort ou Best in trend. Afin de mesurer les impacts, les investisseurs vont favoriser les entreprises qui s’engagent dans une trajectoire de progression (réduction des produits chimiques dans l’agro-alimentaire avec un impact sur la santé humaine, équilibre des rémunérations entre les hommes et les femmes pour une meilleure équité…). Tous ces sujets ESG vont devenir financièrement matériels : certes à court terme ceux-ci nécessitent des investissements mais à moyen terme ils éviteront aux entreprises des déconvenues opérationnelles et réglementaires comme la mise en place de taxes ou de contraintes fortes sur certains actifs.

Quels sont les points de vigilance pour les asset managers ?

L’avenir de la Finance Durable repose sur la mise en place de règles de transparence et d’un langage commun requis par la Commission Européenne. Les sociétés de gestion seront soumises à une typologie de produits financiers selon une réglementation européenne et une obligation de transparence dans leur communication.

En effet en l’absence de standards globaux de publications de données extra-financières sur l’environnement, le social, le sociétal et la gouvernance, chaque société de gestion va poursuivre la définition de ses propres catégories dans ce domaine, néanmoins l’idée est d’harmoniser a minima ces informations.

À ce stade, le social et la gouvernance d’entreprise seront sous-représentés, c’est un point de vigilance pour les asset managers. Ce premier pas réglementaire proposera des éléments de comparaison sur quelques critères (en complément de données ad hoc qui resteront non standardisées y compris l’analyse des controverses et la cohérence de la stratégie de l’entreprise) ; de ce fait il faut souligner l’importance de notre devoir de vigilance sur davantage de prise en compte des éléments sociaux mais également sur l’analyse de la gouvernance des émetteurs dans le cadre de la crise sanitaire par exemple (l’analyse du qualitatif et l’accompagnement/engagement de la société de gestion prend tout son poids ici a contrario de la gestion passive).

Enfin en termes d’économie, l’asset manager doit concilier l’horizon court termiste des marchés financiers et l’horizon de plus long terme de l’investissement durable dans cet environnement réglementaire nécessaire mais qui entraîne de la lourdeur d’exécution. Le monde de l’investissement durable est en constante évolution.

Achevé de rédiger le 08/12/2020

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