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Le Gouvernement français devrait présenter d’ici quelques jours son plan d’action détaillé pour lutter contre la présence largement sous-estimée de substances chimiques perfluorés, particulièrement nocives dans les eaux de surface (rivières, lacs, étangs…).

Ces substances sont des composés chimiques dotés de propriétés antiadhésives, d’imperméabilité et de forte résistance à la chaleur. Elles sont très utilisées dans l’industrie pour la production d’objets de la vie courante : emballages, mousses diverses, produits en téflon, textiles.

Les effets négatifs de ces substances sur la santé humaine sont maintenant bien connus : attaque sur le système immunitaire avec en particulier diminution de la réponse vaccinale, perturbation endocrinienne et effets cancérigènes, même à faible dose.

Ce sujet de santé publique, particulièrement prégnant dans tous les pays développés, a d’ailleurs fait l’objet d’un traitement militant dans le film américain Dark Waters (2019).

Lutter contre ces substances n’est pas simple : elles présentent l’inconvénient d’être extrêmement persistantes, en particulier dans nos eaux douces, potentiellement dans nos eaux de consommation. Les phénomènes d’irrigation des champs propagent un peu plus la transmission à nos cultures. Certains composés ont même la particularité d’être bio‑accumulables : on les retrouve dans les poissons et les crustacés que nous consommons.

L’appellation « polluants éternels » définit bien l’impact presque sans fin de ces poisons.

Une récente étude de l’ONG Générations Futures montrent que 36 % des 13 000 échantillons d’eau douce prélevés en 2020 en France sont pollués par au moins 18 des plus nocives de ces substances. La précédente étude de l’ANSES de 2011 montrait déjà un impact sur 25 % des eaux testées.

Les résultats varient d’un département à l’autre :

  • Seuls 4 départements ne semblent pas touchés par le phénomène : Tarn, Corrèze, Dordogne, Martinique et Guadeloupe
  • À l’opposé, ces substances ont été détectées dans 100 % des échantillons de Paris et des Hauts‑de‑Seine

Les régions les plus touchées sont sans surprise celles où l’industrie chimique est présente.

Si la France a commencé à traiter ce sujet en avril 2022 avec notamment un arrêté des ministères concernés (économie, transition écologie et santé) prévoyant le suivi de 5 des composés les plus dangereux, c’est bien à la suite d’un épisode de pollution avérée dans la « vallée de la chimie » au sud de Lyon.

Pour les ONG comme Générations Futures, cet arrêté est loin d’être suffisant :

  • On ne dénombre pas moins de 4 700 substances perfluorées aujourd’hui
  • 24 de ces composés sont jugés prioritaires à l’analyse et au suivi par la Commission européenne
  • Le suivi des zones de captage pour l’eau potable devrait être mieux assuré

La Commission européenne semble hésiter à réviser la Directive-cadre européenne sur l’eau qui date de 2000. C’est le Parlement européen qui s’est saisi du dossier récemment, à l’automne 2022, en proposant quelques actions en amont de l’impact sur l’eau :

  • En abaissant les niveaux autorisés de plusieurs polluants dans la fabrication de certains produits
  • En limitant un peu plus la possibilité de recycler certains déchets très toxiques et en exigeant leur destruction complète
  • En augmentant la liste des substances dites nocives de la Convention de Stockholm

L’effort principal repose sur l’eau de consommation. La Directive européenne 2020/2184 relative à l’eau potable a été transposée juste avant la date limite fixée au 12 janvier 2023 par des ordonnances publiées le 23 décembre 2022. Outre la réaffirmation de l’accès à l’eau potable pour tous, elles prévoient :

  • La révision des paramètres de suivi pour y intégrer le suivi de nouvelles substances
  • La révision des exigences de ces paramètres afin de resserrer les émissions de substances
  • Une meilleure information des usagers

Les Nations unies ont identifié 2 Objectifs de Développement Durable liés à l’eau :

  • ODD n° 6 : Eau propre et assainissement
  • ODD n° 17 : Respect de la vie aquatique

Aujourd’hui, le compte n’y est pas et des efforts significatifs restent à faire pour préserver la qualité des eaux, y compris dans les pays très développés comme la France où le secteur de la chimie doit trouver des substituts aux composés perfluorés qui empoisonnent nos eaux de surface.

Achevé de rédiger le 16 janvier 2023

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