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Dans un récent rapport, l'Agence Européenne de l’Environnement a évalué l'impact humain (145 000 décès) et économique (environ 520 Mds€ dépensés) des catastrophes naturelles (inondations, feux de forêt, vagues de chaleur ou de froid) observées, entre 1980 et 2020, dans 32 pays européens. Notons qu’entre un quart et un tiers seulement de ces pertes était assuré. Chaque année depuis 2012, l'AEE a ainsi reçu des données de la base NatCatSERVICE de Munich Re GmbH afin de se concentrer sur l'ensemble des catastrophes et risques naturels, et sur les pertes totales et assurées qui y sont associées.

La modélisation des catastrophes est utilisée pour les implications en matière d’investissement, notamment par les compagnies d’assurances et de réassurances. En effet, celle-ci permet d’évaluer les coûts historiques et de déterminer les prix et les primes pour compenser les pertes et réaliser un profit. La difficulté pour les assureurs se trouve dans le caractère exceptionnel des risques des différentes zones géographiques : les modèles dits de NatCat sont utilisés pour créer un historique synthétique des pertes et tenir compte des changements dans les portefeuilles en fonction de l’ampleur et de l’emplacement. Chaque année nous rappelle combien la Californie est exposée aux feux de forêt et la Floride aux ouragans...

Les modèles actuariels IARD ou non-vie sont également analysés au travers des scénarios climatiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les prévisions peuvent être ainsi utilisées dans le cadre de scénarios d’élévation du niveau de la mer. Les derniers rapports du GIEC alertent sur l’augmentation de la fréquence des épisodes météorologiques et climatologiques exceptionnels : pour un « scénario avec une augmentation de température planétaire relativement modérée », le coût annuel moyen seul des inondations pourrait atteindre 21 milliards d'euros d'ici à 2050 et jusqu'à 40 milliards en 2100.

Avec le renforcement des réglementations ESG, l’investisseur français est également appelé, dans le cadre de la Loi Climat Énergie (Article 29), à mettre en place un processus général d’identification, d’évaluation, de priorisation et de gestion des risques physiques. Une carte des risques par région devient ici utile pour déterminer quelles zones géographiques sont les plus risquées en termes d’investissement.

Comme nous l’avons déjà évoqué auparavant, les risques physiques auxquels les portefeuilles d’investissement sont exposés sont de deux natures : les risques aigus, provoqués par l’occurrence de catastrophes naturelles, et les risques chroniques, conséquences à long terme du changement climatique. Or, l’identification de ces risques nécessite une analyse détaillée du portefeuille au travers de :

  • La zone d’implantation de l’actif,
  • La sensibilité dans la chaîne de valeur,
  • La capacité d’adaptation.

L’analyse du risque physique est encore difficile à appréhender, car elle nécessite le recours à des bases de données, mais l’on peut déjà s’appuyer sur des prestataires comme Verisk Maplecroft ou le Climate risk index de GermanWatch qui repose sur les modèles des réassureurs. Certains prestataires extra-financiers modélisent les informations relatives à l'empreinte géographique de l'entreprise, c'est-à-dire l'endroit où elle possède des installations de production ou génère des revenus. L'évaluation permet ensuite d'estimer la Valeur à Risque actuelle et future des entreprises en raison de l'exposition aux risques climatiques. L'évaluation future est réalisée en fonction d’un scénario probable et du scénario le plus défavorable. Cette analyse doit permettre à l’investisseur de mesurer la stratégie de l’émetteur pour gérer ces risques et d’évaluer sa robustesse ainsi que le risque financier total. On considère comme étant la somme des coûts associés à la réparation des actifs endommagés et à la réduction de la productivité du travail, ainsi que la perte de revenus due aux interruptions d'activité. La différence entre le scénario actuel et le scénario futur peut être utilisée pour obtenir un score de risques physiques.

Concrètement et en conclusion : à l’heure où les questions énergétiques préoccupent l’ensemble des parties prenantes, l’exemple de la vulnérabilité des infrastructures de production et de distribution des hydrocarbures aux inondations ou aux tempêtes extrêmes doit également interpeller l’investisseur.

En effet, selon Verisk Maplecroft, plus de 600 milliards de barils équivalents de réserves mondiales de pétrole et de gaz commercialement récupérables sont confrontés à ces risques. Selon les indices d'exposition au changement climatique, l'Arabie saoudite, l'Irak et le Nigeria figurent parmi les pays producteurs de pétrole et de gaz où le risque est le plus élevé de voir des événements liés au climat perturber l'acheminement vers les marchés mondiaux. 40% des réserves de pétrole et de gaz commercialement récupérables sont ainsi fortement exposés aux effets du changement climatique...

Achevé de rédiger le 14 avril 2022

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