Le réchauffement climatique impacte l’économie sur l’ensemble des comportements liés à la production, à la distribution et à la consommation des biens et des services. À court terme cependant l’économie mondiale est affaiblie par la crise sanitaire. Touchée physiquement et moralement par cette dernière, les populations subissent également économiquement cette période (perte d’emploi, de pouvoir d’achat...) et changent radicalement leur mode de vie (épargne de précaution et dons, nouveaux modes de consommation et transition numérique, travail à distance...). De ce fait certains risques associés au réchauffement climatique demeurent négligés, la temporalité jouant en défaveur de celui-ci. En effet, le changement climatique est un processus qui se déroule sur une période longue, avec une forte incertitude quant aux événements climatiques extrêmes à venir. Par ailleurs, comme les instruments classiques de gestion des risques ne suffisent pas, il y a fort à faire pour parvenir à recenser et évaluer les retombées potentielles des risques climatiques sur la stabilité financière.

La Banque Centrale Européenne s’est penchée sur les catégories de risques climatiques et a conçu le premier test de résistance « climatique » à l’échelle de l’ensemble de l’économie. Celui-ci a pour but d’aider les autorités publiques et les institutions financières à évaluer ceux-ci sur les entreprises et les banques au cours des trente prochaines années (Article de Luis de Guindos, vice-président de la BCE Mars 2021).

Deux catégories de risque sont étudiées. Le risque physique, soit les catastrophes induites par la hausse progressive de la température moyenne ou par des événements climatiques extrêmes, est susceptible de causer des ruptures dans les processus de production voire des faillites dans les régions touchées. Le risque de transition correspond à la mise en place de politiques climatiques visant à réduire les émissions de carbone sous l’impulsion i) de la part croissante des énergies « décarbonées » dans la consommation globale en énergie (disruption technologique), ii) d’évolutions réglementaires venant pénaliser les énergies fossiles (dévalorisation du prix des actifs), iii) du renchérissement du prix du carbone. Mais la BCE s’est également penchée sur les risques de réputation et juridique susceptibles d’altérer la stabilité financière (dégradation des ratios de solvabilité), les institutions financières étant considérées alors comme « complices ».

Le premier test de résistance « climatique » de la BCE, qui souhaite intégrer l’aspect environnemental dans sa revue de politique monétaire, va ainsi permettre d’étudier la capacité de résistance des banques selon plusieurs scénarios climatiques (Network for Greening the Financial System,  NGFS). En effet, moins de la moitié des institutions financières ont divulgué des paramètres ou des objectifs climatiques. La part des institutions n'ayant ni objectif ni mesure ne représente que 4% des institutions ayant une taille d'actifs supérieure à 500 milliards d'euros d'actifs, mais jusqu'à 56% des institutions ayant moins de 30 milliards d'euros d'actifs.

La banque a-t-elle divulgué des mesures climatiques ? Si oui, lesquelles ?

Deux étapes concrètes s’ouvrent entre la BCE et les banques : dès cette année, ces dernières doivent s’auto-évaluer par rapport aux attentes prudentielles définies; ensuite la BCE passera en revue les auto-évaluations, puis les remettra en cause dans le cadre du dialogue prudentiel. Rendez-vous est pris en 2022 où elle effectuera un examen complet des pratiques, et prendra, si nécessaire, des mesures de suivi concrètes car les résultats préliminaires des tests montrent que les coûts à court terme de l’ajustement aux politiques « vertes » sont beaucoup moins élevés que les coûts potentiels engendrés par des catastrophes naturelles à moyen et long terme.

Achevé de rédiger le 20/04/2021

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