Dans son dernier rapport, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) anticipe le plus fort recul jamais enregistré au niveau mondial des investissements en termes d’énergie de l’ensemble des secteurs d’activité pour l’exercice 2020.

La baisse attendue de 20%, soit près de 400 milliards de dollars, des investissements énergétiques est le reflet d’un ralentissement économique mondial (estimation d’une récession de 6% du PIB mondial). Cette baisse est induite par l’effondrement de la demande des ménages et des dépenses de consommation dans le sillage de la crise sanitaire mais également par les restrictions (notamment de circulation des personnes) auxquelles nous sommes confrontées.

L’impact de ces mesures a surtout modifié la hiérarchie des sources d’énergie. En effet, la volatilité récente des prix du pétrole va compromettre les investissements dans le pétrole non conventionnel (pétrole de schiste) au profit des nouvelles technologies.


Isabelle Delattre

Directrice Finance Responsable
Crédit Mutuel Asset Management

Variation en % de la demande d'énergie renouvelable entre 2019 et 2020 (source : IEA)

Le pétrole, principal composant de la consommation d’énergie mondiale à hauteur de 50% en 2019 va perdre sa première place au profit de l’électricité et surtout des énergies renouvelables à faible teneur en carbone, même si avec 167 gigawatts, la part des installations nouvelles affichera une baisse de 10% par rapport à 2019.

Faut-il s’en inquiéter ?

Le ralentissement du montant des investissements dans les énergies renouvelables est principalement dû à la perturbation de la chaîne d'approvisionnement des équipements et aux retards dans la construction des projets (blocages d’agréments et de financements). Les États Unis, où il existe encore sur 2020 un dispositif fiscal incitatif, pourraient souffrir de retards dans les projets si les protocoles d’hygiène et mesures de sécurité perduraient.

En revanche, les nouvelles technologies de stockage et le coût de l’électricité, produite par les éoliennes terrestres et le solaire photovoltaïque, de moins en moins élevé devraient influencer positivement les perspectives, notamment pour 2021. D’après les données recueillies par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA sur quelques 17 000 projets en 2019, le coût de l’énergie a baissé de 82% depuis 2010 pour le solaire photovoltaïque, de 47% pour l’énergie solaire à concentration, de 39% pour l’éolien terrestre et de 29% pour l’éolien offshore.

Pour les cinq prochaines années, près de la moitié des projets éoliens et solaires photovoltaïques sont liés à des ventes aux enchères prévues, garanties par l'État, ou autres incitations telles que des crédits d'impôt.

Au final, l’investissement anticipé va dépendre de la demande de consommation finale d’électricité, du ralentissement des combustibles fossiles et de la volonté des États de réduire leurs dépenses budgétaires au détriment de l’efficacité. Le Dr Fatih Birol directeur exécutif de l'AIE, rappelle qu’il existe toujours « un risque de compromettre la transition indispensable vers des systèmes énergétiques plus résistants et plus durables ».

Achevé de rédiger le 08/06/2020