Si depuis quelques années, la globalisation économique mondiale semblait être remise en question avec l’arrivée de l’administration Trump notamment vis-à-vis de l’Asie, la vitesse de propagation du virus Covid-19 nous démontre que la mondialisation est encore bien présente en termes de circulation des personnes, de fabrication des matériels et de chaînes d’approvisionnement de traitements pour la santé, ici, majoritairement en provenance de Chine. Touchée physiquement, moralement mais également économiquement (pertes d’emploi, de pouvoir d’achat) par cette crise sanitaire, les populations subissent les limites de l’offre (fermetures d’entreprises) et vont agir sur celles de la demande (épargne de précaution, nouveaux modes de consommation).

Certains prédisent un retour à la normale en sortie de crise, d’autres un changement radical dans les modes de vie et de travail, davantage orienté sur le national, le local, pour un monde plus fragmenté.

À court terme, et en urgence, des soutiens budgétaires sont mis en place par les États (plus que pour la précédente crise d’origine financière de 2009) pour soutenir l’offre mais il faudra penser à soutenir la demande si l’on ne veut pas affronter un second choc économique et cette demande veut d’ores et déjà un changement, la crise offrant de nouvelles voies :

  • Une sécurité sanitaire et préventive
  • Une nouvelle chaîne de valeur alimentaire au niveau national voire local
  • Une relocalisation de certaines productions (circuit court)
  • Des investissements publics en accord avec les transitions climatiques et sociales
  • Une mutualisation concertée des pays sur les projets et les plans de relance notamment sur des mesures d’efficacité de lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité
  • ... et une transparence.

Isabelle Delattre

Directrice Finance Responsable
Crédit Mutuel Asset Management

Si la crise Covid-19 pousse certaines parties prenantes à tourner le dos à l’ambitieux Green New Deal** envisagé par la Commission européenne, 13 membres de l’exécutif européen se mobilisent pour leur part afin de consulter sur « la stratégie renouvelée pour un financement durable ». Pour résister aux solutions de court terme, leurs propositions s’orientent sur une relance économique axée sur la transition écologique, sociale et numérique tandis que des pays comme les Pays-Bas ou la Pologne souhaitent revenir sur leurs engagements en matière de climat.

Restons optimistes, le géant minier mondial Rio Tinto exhorte aujourd’hui les gouvernements à agir sur le changement climatique en dépit du double fléau du Covid-19 et de la récession économique, soulignant l’interaction des phénomènes... D’autres grands noms du secteur privé, notamment les PDG d’Ikea, d’H&M, d’Unilever, de Danone, ou de E.ON s’engagent à soutenir des « plans de relance (post pandémiques) fondés sur la transformation », qui placent la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité au centre de la politique économique européenne.

« Alors que le monde réagit à une crise, nous ne pouvons pas laisser une autre crise s'aggraver », a averti Sonam P. Wangdi...

Achevé de rédiger le 20/04/2020

* Sonam P. Wangdi du Bhoutan, préside le groupe des 47 pays les moins avancés lors des négociations des Nations Unies sur le climat.
** Le Green New Deal européen est un ensemble d'initiatives politiques proposées par la Commission européenne dans le but primordial de rendre l'Europe climatiquement neutre d’ici 2050.