L’urgence climatique exige de s’investir dans l’action pour toutes les parties prenantes y compris la finance mondiale qui se voit devenir « responsable et durable ».

Dans ce cadre, la très active Commission européenne a décidé en mars 2018 de jouer un rôle de premier plan pour réorienter les flux de capitaux vers des investissements durables, intégrer la durabilité dans la gestion des risques et favoriser la transparence au travers d’objectifs comme :

  • Imposer aux acteurs des marchés financiers de tenir compte des facteurs Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance,
  • Mettre en place des normes européennes avec un système commun de classification des activités durables,
  • Disposer d’indicateurs de référence en matière de durabilité et de risque sur la valeur de l’investissement,
  • Durcir les obligations d’information et de transparence sur la durabilité.

Isabelle Delattre

Directrice Finance Responsable
Crédit Mutuel Asset Management

Pour ce faire, le régulateur européen a publié deux nouveaux règlements (Taxonomy et Disclosure publiés en décembre 2019)afin d’éviter le « greenwashing » ou le faussement durable et harmoniser les règles : normaliser en prévoyant au sein de l’industrie financière des procédures décisionnelles et de contrôles internes pour prendre en compte l’impact négatif des décisions d’investissement sur les facteurs de durabilité et encourager l’application d’une politique de vote en faveur de la réduction des impacts négatifs sur l’environnement...ces projets de normes techniques venant tandis que la définition finale des critères techniques de la « Taxonomy » (classification des investissements verts) est toujours en discussion.

« ...il est difficile pour les investisseurs finaux de comparer efficacement les produits financiers dans différents États membres, du point de vue de leurs risques environnementaux, sociaux et en matière de gouvernance ou les objectifs d'investissement durable qu'ils poursuivent... », précise le règlement européen.

À brève échéance, tous les opérateurs financiers vont donc préciser leur organisation en matière de recherche extra financière et d’analyse des données et notations internes et externes (plateformes des agences extra financières) mais également en matière de processus d’investissement, afin de réduire les impacts négatifs de la transition climatique, de procédures de contrôle et ceci au travers de rapports périodiques mais également de leur site internet. Cette transparence fort attendue va changer le mode d’action des acteurs financiers européens.

Deux labels d’indices dits verts doivent compléter ces deux règlements, obligeant les administrateurs d’indices à plus de transparence également :

EU  Paris-Aligned Benchmark > Indice dont les actifs sous-jacents sont séléctionnés, pondérés ou exclus de manière à composer un portefeuille dont les émissions carbone sont alignées avec l'objectif de limitation du réchauffement planétaire de l'accord de Paris sur le climat
EU Climate Transition Benchmark > Indice dont les actifs sous-jacents sont séléctionnés, pondérés ou exclus de manière à composer un portefeuille qui suit une trajectoire de décarbonation
Source : SAGALINK Consulting

Nous espérons que ces nouveaux règlements donneront aux investisseurs une meilleure information sur l’impact ESG de leurs portefeuilles et redonneront ses lettres de noblesse à la Finance Responsable, tout du moins au niveau européen. L’avenir de la Finance Responsable est maintenant fortement lié à la réglementation.

Achevé de rédiger le 12/03/2020