Face aux enjeux de risques climatiques, différentes parties prenantes nous demandent de faire notre propre révolution intellectuelle sur nos habitudes de circulation et de consommation. Mais qu’en est-il de nos habitudes de communication ?

Si le numérique est devenu omniprésent dans la vie quotidienne, qu’en est-il de son empreinte environnementale actuelle et à venir ? Si la question suscite de longs débats sur son immatérialité, les experts de GreenIT.fr ont répondu à cette question, en publiant en septembre 2019, l’étude « Empreinte environnementale du numérique mondial ». Rappelons que ce cabinet réunit experts, entreprises et associations et se penche depuis 15 ans sur les pratiques environnementales du numérique en s’appuyant sur une méthodologie d’analyse de cycle de vie. Cette étude porte à la fois sur l’empreinte du numérique mondial en 2019, mais aussi sur son évolution de 2010 à 2025.

Isabelle Delattre

Directrice Finance Responsable
Crédit Mutuel Asset Management

Les principales conclusions de cette étude sont intéressantes :

Dans l’architecture du numérique actuel, on distingue généralement 3« tiers » : les utilisateurs, les centres informatiques qui hébergent les serveurs et le réseau qui relie les utilisateurs entre eux et aux centres informatiques.

À l’échelle planétaire, en 2019, le numérique est constitué de 34 milliards d’équipements pour 4,1 milliards d’utilisateurs, son empreinte environnementale atteignant 6 800 TWh d’énergie primaire (soit 4,2% de l’empreinte mondiale), 1 400 millions de tonnes de gaz à effet de serre (3,8% des émissions de GES) et 7,8 millions de m3 d’eau douce (soit 0,2% de la consommation globale).

Dans les étapes du cycle de vie, il est frappant de voir que ce sont les équipements qui constituent la principale source d’impacts du numérique. En effet leur fabrication concentre systématiquement le plus d’impacts avec 30% du bilan énergétique global, 39% des gaz à effet de serre et surtout 76% de la contribution à l’épuisement des ressources abiotiques (soleil, air, eau, altitude, relief, lumière, gaz et éléments minéraux).

Nous ne nous attarderons pas ici sur l’impact lié à la consommation d’électricité du fait de l’existence de biais en matière environnementale. En revanche l’article de Raphaël Lemaire, Consultant et avocat de « l’artisanat du software », nous permet de visualiser quelques ordres de grandeur dans le cadre de la domination de la fabrication par rapport à l’usage.

Échelle permettant de visualiser l’impact de la fabrication des appareils, là où se trouve vraiment <br>le sujet des impacts écologiques du numérique 
en termes d’émissions de GES, mesurées en kg équivalent CO2.
Échelle permettant de visualiser l’impact de la fabrication des appareils, là où se trouve vraiment
le sujet des impacts écologiques du numérique en termes d’émissions de GES, mesurées en kg équivalent CO2.

Par ailleurs en 2025, les experts estiment que le numérique va passer à près de 6% de l’empreinte de l’humanité. La plus forte progression est celle des émissions de GES qui vont augmenter de 2,2% en 2010 à 5,5% en 2025. L’essentiel de l’impact du numérique est donc la fabrication des appareils et un basculement s’est opéré depuis 2015 et va s’accélérer jusqu’en 2025, avec principalement 3 nouvelles sources : les télévisions dont l’impact serait de 9 à 26% en 2025, les smartphones de 4 à 16% et les objets connectés de 18 à 23% en 2025 (1% en 2010...).

Faire durer le plus longtemps possible les appareils et éviter d’acheter des gadgets est pertinent, mais la question finale n’est -elle pas d’appréhender comment sauvegarder notre culture au format numérique sur le long terme si l’on envisage la raréfaction des ressources qui le composent ?

Achevé de rédiger le 19/02/2020