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D’une économie linéaire à circulaire

L’économie linéaire consiste à extraire des matières premières pour fabriquer des produits, à les utiliser puis à les jeter quand ils ont atteint leur fin de vie. Ce modèle qui date de l’ère industrielle montre son essoufflement et ses limites, notamment vis-à-vis de l’environnement. La transition vers une économie circulaire vise à produire de manière durable en limitant le gaspillage des ressources et la production de déchets. Loin d’être un modèle de décroissance, l’enjeu est d’optimiser les ressources, de faire plus avec moins, et ce de manière responsable.

Source : Santé publique belge

La consommation de ressources dépasse de 75 % la capacité de régénération de la Terre en 2021, le jour du dépassement ayant été atteint le 29 juillet, et les déchets sont en passe d'augmenter de 70 % d'ici 2050 par rapport à 2016, selon la Banque Mondiale.

Selon le Forum Economique Mondial, plusieurs leviers pouvant faire avancer le déploiement de solutions d'économie circulaire pourraient potentiellement débloquer 1 000 Mds $ d'économies annuelles de matériaux :

  • La flambée des prix des matières premières, susceptible d'accroître le déploiement de solutions d'efficacité énergétique/déchets/alimentation, tant de la part des particuliers que des entreprises,
  • La prise de conscience du lien intrinsèque entre la consommation de ressources, les déchets et les émissions de gaz à effet de serre rendant les solutions d'économie circulaire essentielles à la transition vers une économie à faible émission de carbone,
  • La réglementation, notamment européenne, qui permet de fixer un cadre aux entreprises et d’accompagner la transition énergétique.

Source : Centre Avec

Ce changement de modèle ne doit en revanche pas se faire au détriment de ce qui est socialement juste, comme le décrit Kate Raworth dans sa Théorie du Donut. En effet, elle y définit un plafond environnemental au-delà duquel la planète pâtit de l’activité humaine, et un plancher social en dessous duquel les besoins primordiaux des populations ne peuvent plus être assouvis (santé, emploi, énergie, nourriture etc.).

La gestion des déchets, élément clé d’une économie bas carbone

Les objectifs « net zéro » se focalisent principalement sur l’utilisation d’énergies renouvelables et l’efficience énergétique, alors que la gestion des déchets est primordiale dans la transition vers une économie bas carbone. La gestion des déchets est un enjeu environnemental mais également social. A l’heure actuelle, 70% des déchets dans le monde finissent dans des décharges, dont un tiers à ciel ouvert et 93% dans des pays à bas revenus, selon la Banque Mondiale. Les décharges devraient être responsables de 8 à 10% des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine d’ici à 2025, soit plus que le trafic aérien. On observe des disparités géographiques dans la gestion des déchets. Les Etats-Unis ont davantage recours aux décharges que l’UE, où seulement 38% des déchets finissent en décharge, contre plus des deux tiers (69%) pour les déchets américains. Le reste des déchets est soit incinéré (22% et 7%, respectivement pour l’UE et les Etats-Unis) ou recyclé/composté (40%/24%), selon des données Eurostat. L’impact positif du recyclage sur l’environnement est notable, si le taux de recyclage passait de 8,6% actuellement à 15%, nous pourrions atteindre l’alignement des 2°C à horizon 2032. Les efforts de recyclage ont cependant fait face à des vents contraires ces dernières années, notamment depuis que la Chine et certains pays d’Asie du Sud Est ont pris la décision d’arrêter l’importation de déchets recyclés, faisant chuter le prix de ces derniers et remettant en question le modèle économique de la filière. Bien que le nombre de décharges ait fortement baissé ces dernières décennies, notamment aux Etats-Unis où il a été divisé par 4, les volumes de déchets n’ont cessé de progresser, allant de pair avec la croissance des populations et notre modèle de consommation.

Mais un modèle à réinventer

L’industrie de la mode et du textile par exemple est un important contributeur au volume de déchet global, la production ayant doublé entre 2000 et 2015 tandis que l’utilisation moyenne de chaque vêtement a baissé de 36%. Par ailleurs, l’augmentation du recours au synthétique et la multiplicité des matériaux dans la composition des vêtements rend encore plus complexe leur recyclage. Ces différents constats poussent les entreprises à se réinventer et favorise également l’émergence de nouveaux modèles. Des solutions se développent pour permettre un recyclage plus efficient des déchets comme les capteurs de l’entreprise Tomra, qui fournissent ainsi des rendements de récupération des matières plus élevés, des approches plus responsables voient le jour. Dans le luxe, des sociétés comme Kering, s’assurent dès la conception du produit, de son empreinte en visant la neutralité carbone de sa production à sa fin de vie. Ils ont ainsi développé un outil de mesure des impacts environnementaux de leurs activités (un compte de résultat environnemental). Parallèlement, des sociétés avec des modèles de revente (Vinted, Vestiaire Collective), de location ou de reconditionnement (Back Market) prennent de l’ampleur, attestant d’un changement des habitudes vers une consommation plus durable. Le marché de la seconde main est en pleine croissance et devrait atteindre le niveau de celui de la fast fashion en 2029, d’après Global Data. Ces nouveaux modèles permettent d’allonger le cycle de vie des produits, et font évoluer les modèles traditionnels des entreprises. C’est l’exemple du groupe SEB qui, à contre-courant de l’obsolescence programmée, a opéré un changement de paradigme en proposant des produits avec des durées de vie plus longues, en favorisant le recyclage des matériaux, en proposant des services de réparation et en développant l’usage mutualisé des produits sous forme de location.

Plus généralement, la plus grande durabilité des produits, l’amélioration des taux de recyclage, l’écodesign, ou encore un recentrage de la consommation des biens vers les services (prêts, partages, locations) sont autant de leviers permettant le virage vers une économie circulaire.

La taxonomie européenne, un potentiel accélérateur

L’évolution de la réglementation, en faveur de l’environnement, bien qu’apparaissant stricte pour les entreprises, permet de fixer un cadre et accompagne la transition énergétique. De nombreuses sociétés sont ainsi mobilisées et entreprennent des chantiers permettant l’atteinte des objectifs environnementaux. On peut citer l’exemple de Saint-Gobain, qui visent la neutralité carbone à horizon 2050, avec une première étape en 2030. Ils ont créé la première usine de plaques de plâtre net zéro en Amérique du Nord en juin 2022.

L’introduction de la nouvelle taxonomie verte européenne constitue un catalyseur important et devrait rediriger davantage de financements vers les sociétés de la sphère circulaire. En effet, cette taxonomie fixe des critères de sélection d’activités contribuant de façon substantielle à l’objectif de neutralité carbone en 2050, un de ces critères essentiels étant la transition vers une économie circulaire.

Conscient des profonds changements nécessaires à la protection de l’environnement et de l’importance de l’émergence d’un nouveau modèle, le Crédit Mutuel Asset Management a eu à cœur de soutenir cette thématique, notamment avec la création du fonds Objectif Environnement, construit autour de 5 piliers, dont l’économie circulaire est un axe majeur.

Achevé de rédiger le 5 juillet 2022

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