RECHERCHEZ UN FONDS

La COP 27 qui s’est tenue en Egypte à Sharm-El-Sheikh à la mi-novembre ne suscitait pas beaucoup d’attentes en matière d’engagements renforcés de la part des parties prenantes, notamment en ce qui concerne la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle, objectif au cœur de l’Accord de Paris. Les efforts ont davantage porté sur la compensation des pertes et dommages subis par les pays en développement, liés à la montée des températures issue de la croissance polluante des pays riches depuis près de deux siècles.

La création d’un fonds pertes et dommages

La présidence égyptienne avait décidé de faire de cette mesure une priorité, visant à mettre en avant la responsabilité des pays développés dans le réchauffement climatique et ses conséquences irréversibles pour les pays vulnérables (l’Afrique n’est responsable que de 4 % des émissions de GES). Le texte adopté présente de nombreuses faiblesses : le montant des fonds et la répartition entre les pays contributeurs ne sont pas précisés (à part l’Europe, l’Autriche, la Nouvelle-Zélande et l’Écosse) et la liste des pays développés jugés à l’origine du réchauffement climatique a été établie en 1992 et ne comprend pas la Chine, principal émetteur de CO2 avec les États-Unis. L’empire du Milieu n’est ainsi pas tenu de participer au financement du fonds, à ce stade.

La hausse des températures de 1,5 °C approche rapidement

Le réchauffement climatique mondial ressort déjà à 1,2 °C et sur la tendance actuelle, il pourrait atteindre 1,5 °C au début des années 30 et 2 °C lors de la première moitié des années 40. L’absence de décision sur la trajectoire de sortie des énergies fossiles lors de la COP 27 ne va pas dans le sens d’une atténuation.

Pourtant, les effets climatiques extrêmes de 2022 ont été nombreux, avec par exemple :

  • Une hausse historique de plus de 500% des précipitations au Pakistan, par rapport à une saison de mousson normale, dont les dommages représentent une perte de 10 % du PIB ;
  • Des vagues de chaleur records ayant entraîné :
    • Des incendies majeurs dans de nombreux pays (France, Grèce, Espagne, Portugal, Maroc...)
    • Une crise énergétique en Chine (production hydroélectrique impactée)
    • Une baisse du niveau du Rhin conduisant à une réduction sensible du transport de marchandises et de l’activité d’industries en Allemagne.

Fréquence et intensité des événements de températures extrêmes tous les 10 ans vs. l’ère préindustrielle

Source : GIEC, AR6 2021

 

Selon le GIECC (cf. ci-dessus), si le réchauffement climatique devait atteindre 2 °C, les vagues de chaleur et les sécheresses seraient respectivement 5,6x et 2,4x plus fréquentes, les épisodes de fortes précipitations 1,7x plus fréquents et 14 % plus sévères et les incendies majeurs 2x plus nombreux. La trajectoire actuelle de hausse des températures d’ici 2100 s’élevant à 2,7 °C, un réchauffement entre 2 °C et 3 °C conduirait à la fonte totale des glaciers de montagnes alors que des millions de tonnes de CO2, de méthane et même de mercure seraient libérés avec la fonte du permafrost de l’Arctique.

Si du côté de l’offre d’énergie, une accélération massive des investissements dans la chaîne de valeur des renouvelables est indispensable (cf. billet de la finance responsable du 19/10/2022 : Le retard d’investissements dans les énergies propres, un « carbon warning » planétaire), la période actuelle de sobriété qui s’impose à la demande, en raison de la guerre en Ukraine, démontre que le changement des habitudes de consommation de l’énergie pourrait avoir un impact réel.

La consommation d’électricité en France affiche une baisse de 6,6 % au cours des 4 dernières semaines et de 8,3 % sur la dernière semaine, corrigée des effets météo, selon RTE (gestionnaire du Réseau de Transport d’Électricité). Une trajectoire récente qu’il conviendrait de rendre structurelle.

Achevé de rédiger le 13 décembre 2022

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