En prévision de la 50e réunion annuelle à Davos, le Forum Économique Mondial a de nouveau publié son rapport sur les risques mondiaux.

Cette 15e édition, basée sur une enquête menée auprès de 800 dirigeants d'entreprises, de gouvernements et d'organisations à but non lucratif, présente un nouveau paysage des risques pour 2020 : celui-ci n’est plus dominé par des considérations géopolitiques et économiques mais bien par des préoccupations environnementales, par ailleurs difficilement compatibles avec la fragilité des structures d’alliance et des systèmes multilatéraux mise en avant dans ce rapport.

Selon les données du rapport, voici les principaux risques pour l'économie mondiale, en termes de probabilité et d'impact potentiel.

Isabelle Delattre

Directrice Finance Responsable
Crédit Mutuel Asset Management

Source : World Economic Forum Global Risks – Perception Survey 2019-2020

Entre autres choses, les risques de catastrophes naturelles deviennent plus intenses et plus fréquents.

Bien qu'il reste difficile d'extrapoler précisément la façon dont les risques environnementaux pourraient se traduire sur l'économie mondiale et son système financier, certains investisseurs institutionnels interrogés, et notamment au sein du secteur de l'assurance, prennent déjà conscience de ceux-ci et notamment du dilemme des stranded assets (actifs dits bloqués) en commençant dans certains cas à se désinvestir complètement des combustibles fossiles autrefois en tête des marchés boursiers mondiaux :

  • En 2018, près de 1 000 investisseurs institutionnels, représentant 6,24 billions de dollars d'actifs, se sont engagés à se départir des combustibles fossiles, contre seulement 52 milliards de dollars il y a quatre ans.
  • L'Irlande a été le premier pays à s'engager sachant qu’au moment de l'annonce, son fonds souverain de développement disposait de 10,4 milliards de dollars d'actifs (source : Institut d'économie et d'analyse financière de l'énergie).

Bien que les pertes assurées en 2019 soient revenues à la moyenne des dix dernières années, le réassureur Munich RE estime que les effets environnementaux à long terme se font déjà sentir. La question se pose d’ores et déjà sur le retrait des assureurs sur certaines zones géographiques et sur le durcissement des critères de couverture des réassureurs.

Selon certains observateurs, une partie des actifs dits bloqués résulterait déjà d'une trajectoire technologique en cours, que de nouvelles politiques climatiques soient adoptées ou non ; la perte de richesse mondiale se fera avec des gagnants (importateurs nets comme la Chine ou l'UE) et des perdants (Russie, États-Unis ou Canada), qui pourraient voir leurs industries de combustibles fossiles potentiellement fermées même si les deux effets devraient se compenser largement au niveau du PIB mondial agrégé.

La façon dont les entreprises et les gouvernements choisiront de réagir au cours de la prochaine décennie sera au centre de nos réflexions à venir.

Achevé de rédiger le 22/01/2020